Echo dans la presse
Nadine Eghels : « Montrer le chemin par la voix »
Propos recueillis par Alexis Brocas
Article paru dans le » Magazine Littéraire « (janvier 2009) Festival Textes et voix, du 2 au 9 février 2009
Dix ans avant que des lectures de romans par des comédiens ne deviennent
le passage obligé de toute manifestation littéraire, l'association Textes
et voix lançait cette pratique. Aujourd'hui, elle lui consacre un
festival que nous présente sa directrice, Nadine Eghels
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Comment est né ce festival ?
Tout a commencé avec la naissance de notre association, en mai 1999, qui
avait pour projet de travailler avec des acteurs, d'utiliser leur talent,
leur charisme et de les mettre au service des textes littéraires au sens
large : roman, récit, poésie, philosophie ... Une initiative que nous
voulions liée à l'actualité éditoriale afin de toucher un plus large
public. L'originalité : ces lectures se déroulent en présence de
l'auteur. Elles se composent d'un montage d'extraits, suivant une trame
afin que les spectateurs puissent entrer dans le texte, et avec des
lacunes pour lui donner envie d'en savoir plus. Ces lectures les
disposent à engager ensuite la discussion avec l'auteur. Et puisqu'ils
viennent d'entendre son texte, ils sont tous à égalité dans la prise de
parole ... L'an dernier, nous avons eu le sentiment qu'il serait bon de
proposer à notre public très fidèle, en plus de la programmation
annuelle, un rendez-vous, un foisonnement de lectures. D'où ce
festival.
En dix ans, votre association a eu le temps de nouer bien des contacts.
D'où ce plateau impressionnant : Échenoz, Orsenna, Marie-Christine
Barrault, Jacques Bonnaffé...
Oui, nous avons la chance d'avoir des liens avec de très grands acteurs,
qui s'engagent de façon merveilleuse au service des textes. Peut-être des
gens vont-ils venir pour Marie-Christine Barrault, Fanny Cottençon, Denis
Podalydès, et découvriront-ils Sylvie Germain ou Claudio Magris... Mais
se mettre au service de la littérature, pour un acteur, est aussi un
défi, qui passe par du travail : le mien, quand je découvre un texte et
imagine la voix qui pourrait l'interpréter, puis quand je le relis pour
sélectionner des extraits, et celui du comédien, avec qui j'ai
d'ordinaire deux ou trois répétitions. Il ne s'agit pas de lectures
improvisées.
Vous parlez de défi ... Choisir Zone , de Mathias Énard (éd. Actes Sud), et
sa composition en trois longues phrases, en est un ...
Justement, le livre appelle une lecture à voix haute du fait de sa
tension, de sa densité, de son écriture haletante. Il s'agit même
typiquement de ce genre de texte dont le sens apparaît beaucoup plus
clair quand il est incarné par un acteur. Car celui-ci, par son
interprétation, le rend plus lisible. Nous avons eu le même phénomène
l'an dernier avec Le Cercle de Yannick Haenel. À voix haute, cela
devenait limpide. Une lecture réussie, c'est cela : quand l'acteur nous
montre le chemin à travers une écriture dense.
Ce festival a-t-il une thématique ?
Oui, nous avons voulu qu'il y en ait une : « La scène du Livre et la
scène du monde ». Elle désigne les livres qui, tels ceux de Jean Echenoz
ou de Mathias Enard, parlent d'aujourd'hui, dans une forme contemporaine.
Nous offrons une scène au livre.
Lorsque votre association a commencé à proposer des lectures à hautes
voix de textes littéraires conduites par des comédiens, celles-ci
n'étaient pas encore à la mode. Comment vous est venu cette idée ?
Dans une vie antérieure, je travaillais dans le théâtre. Quand j'ai créé
texte et voix, j'avais l'habitude de travailler des acteurs. Je me suis
demandé : « pourquoi les cantonner au théâtre ?» et je leur ai proposé
cet exercice. Une lecture ne s'improvise pas : pour l'acteur c'est un
travail sur le fil, qui demande une préparation importante. Bien sûr, le
choix du texte est primordial. Il y a des livres plaisant, mais dont la
langue ne résiste pas à une lecture à haute voix. Une écriture narrative
neutre, sans personnalité, ne tient pas. C'est donc aussi le critère
quand on travail sur des textes non-fictionnels. On a eu une ou deux
expériences sur des textes philo écrits comme des thèses ; ça ne marchait
pas. Par ailleurs, comme l'acteur débusque dans le texte toute ce dont il
va se servir, il est arrivé que des auteurs soient étonnés d'entendre
quelque chose qui ne correspond pas à la musique qu'ils avaient dans leur
tête au moment de l'écriture. Ca les pousse à s'interroger.
Et comment réagissez-vous au foisonnement de lectures à hautes voix qui
animent désormais chaque festival littéraire ?
Nous avons fait école. Cependant, nous avons commencé voilà 10 ans et on
essaye de tenir une ligne d'exigence qualitative, aussi bien dans le
choix des livres que dans celui des comédiens. Nous avons une ligne
éditoriale qui correspond aux choses qu'on a envie de défendre. Nous
sommes la seule association à proposer des rendez-vous avez avec
régularité. Cette constance fait que l'on reconnaît notre programmation.
Ce n'est pas la même chose que de proposer des spectacles au coup par
coup. Nous sommes au service du livre, pas au service du spectacle.
Marie-Christine Barrault lira Sylvie Germain ; Didier Flamand
interprétera Orsenna ... Comment décidez-vous d'associer un texte et une
voix ?
C'est comme demander sa recette au cuisinier ! Il y a là une part
d'intuition. Je pars toujours d'un livre pour lequel j'ai eu un coup de
coeur, puis j'entends la voix qui pourrait l'interpréter. Je connais les
goûts de nombreux acteurs ; je leur propose des choses qu'ils auront très
envie d'accepter ! On ne propose pas les mêmes textes à Marie-Christine
Barrault, Denis Podalydès ou Michael Lonsdale. Il y a des grains de voix,
des débits, des façon de se tenir plus ou moins en retrait du texte. Le
choix se fait de façon intuitive. C'est ma part de création. D'abord, je
lis une première fois l'ouvrage. Si cette lecture me donne envie de le
programmer, je le relis en sélectionnant l'incipit puis un choix de
fragments établissant une traversée de l'oeuvre, afin que le spectateur
ait une vision du texte à la fois complète et lacunaire. Puis l'on passe
aux répétitions ...
Propos recueillis par Alexis Brocas
Article paru dans le » Magazine Littéraire « (janvier 2009)
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Littérature à l'ouïe
Article paru dans le » blog de Pierre Assouline « (janvier 2009)
Littérature à l'ouïe
La lecture à voix haute a besoin d'être soutenue.
Par la présence de ces amateurs tout simplement. Surtout quand elle est le
fait de ceux qui y croient de longue date, bien avant que cela ne devienne une
tendance qui colle à l'air du temps, et qui consacrent leur temps et
leur énergie à entretenir un réseau de lecteurs-auditeurs,
de comédiens et d'écrivains.
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C'est le cas de Nadine Eghels et de son association
TEXTES & VOIX.
Elle organise le deuxième Festival de lectures à
voix haute et de rencontres littéraires du 2 au 9 février à
Paris. Sylvie Gemain, Paul Virilio, Erik Orsenna, Jean Echenoz,
Mathias Enard y écouteront leurs textes lus par Aurore Clément,
Didier Flamand, Daniel Mesguich, Dominique Pinon sans oublier la
voix off de Denis Podalydés.
Demandez le programme !
Article paru dans le » blog de Pierre Assouline « (janvier 2009)
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Le roman occupe la scène
Article paru sur » Le Figaro.fr « (janvier 2009)
Proust monte sur les planches. Un festival de lectures publiques se tiendra du 2 au 9 février.
Une chaise, un texte, et une voix : serait-ce la nouvelle combinaison du bonheur en
littérature ? Le phénomène n'est pas nouveau, mais il prend de
l'ampleur : de plus en plus, les grands textes sont lus sur scène. Le public
semble suivre, et apprécier. Ainsi, Proust sera-t-il accueilli à la Comédie
des Champs-Élysées, dès le 1er février (1). Et une manifestation
sera consacrée à ce phénomène : le festival Textes & Voix,
qui aura lieu du 2 au 9 février, à Paris (2).
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Pourquoi cet engouement ? «C'est une manière agréable d'entrer
dans un texte littéraire que l'on jugeait inaccessible », explique
Nadine Eghels, directrice artistique de Textes & Voix, l'association qui
organise ce festival. «Nous utilisons le talent et le charisme des acteurs
pour faire connaître des œuvres littéraires. Le public vient pour voir
un acteur et part en découvrant un auteur.»
Adeline Delay, fondatrice des éditions Thélème,
spécialisée en «audiolivres», est, elle, à
l'origine de l'affiche À la recherche du temps perdu à la Comédie
des Champs-Élysées. Le monument littéraire sera « interprété»
par Bernadette Lafont, Robin Renucci et Xavier Gallais. On s'en doute, les sept tomes de la Recherche
ne seront pas entièrement lus. Le spectacle proposera des extraits, pour une durée
qui ne dépassera pas une heure. L'idée est née après la parution
des 111 CD qui contenait l'intégralité de la Recherche. Thélème
avait organisé quelques soirées de lecture. Le succès a été
tel que l'idée a germé de monter un projet plus élaboré à
la Comédie des Champs-Élysées.
Pour Thélème, comme pour Textes & Voix, la lecture en public est
une autre façon d'approcher des textes, moins intime, mais plus directe. Adeline
Delay a été agréablement surprise par la réaction de
nombreuses personnes : «Elles imaginaient Proust moins accessible. Le
public rit et s'émeut beaucoup de l'écriture d'un auteur souvent jugé trop
vite comme austère et académique.» La fondatrice de Thélème
était déjà heureuse des ventes du coffret intégral (140 heures
d'écoute) : 3 000 exemplaires écoulés. Si Proust et les
classiques sont appréciés - la carrière de Luchini s'est aussi bâtie sur
ses lectures -, les contemporains ont la cote aussi. Lors du festival, Erik Orsenna, Mathias Enard,
Bernard Quiriny seront lus, Albert Cossery et Boris Vian aussi. La manifestation se clôturera
avec Denis Podalydès, qui vient de publier Voix off (Mercure de France), prix Femina de l'essai
pour ce texte remarquable sur la puissance des voix. Il ne croyait pas si bien dire.
Article paru sur » Le Figaro.fr « (janvier 2009)
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